Par-delà les considérations historiques qui nous ont conduit à remonter aux origines de l’assistance juridique aux décideurs publics , il serait intéressant de dresser un état de lieux de ce qui existe en la matière.
Bien entendu , il serait bien prétentieux de notre part de le faire dans les lignes qui suivent.
Il s’agirait juste de réfléchir à haute voix, en lançant quelques idées ou en posant des questions susceptibles d’engager un débat, autour d’une thématique qui nous paraît d’un intérêt capital pour la consolidation de l’État de Droit .
D’ailleurs, notre propos se limiterait ici , au risque de dire une lapalissade, à rappeler que toute réforme sérieuse exige, au préalable une évaluation objective de l’existant.
A ce propos , il conviendrait de rendre hommage à la Direction Générale de la Législation, de la traduction et du journal officiel ( DGLTJO), laquelle fait face, dans sa configuration actuelle et  dans des conditions difficiles dont j’ai été témoin, à une insupportable pression consécutive au volume du travail qui lui est, quotidiennement, confié.
En fait , l’enjeu de la réforme souhaitable dépasse de loin , les capacités de cette direction centrale, qui est censée jouer le rôle du conseiller juridique du gouvernement, considéré en tant qu’ensemble structuré et solidaire .
C’est, sans doute, dans un souci de déconcentration que le législateur mauritanien a exigé , dès 1993, que l’un des conseillers techniques nommés, au sein des cabinets des Ministres , soit , obligatoirement, chargé des affaires juridiques.
Ce faisant , le législateur avait introduit par une disposition légale , au sein de la sphère étatique, la fonction de conseiller juridique qui était déjà très à la mode , à la fin des années 80 , surtout au niveau des établissements publics à caractère industriel et commercial ( Sonelec , Port autonome, Sonader etc ).
Mais dans la pratique, l’inadéquation des profils au poste de conseiller juridique des Ministères a , souvent, vidè cette disposition de sa portée.
C’est par là où, il faudrait , peut être commencer pour évaluer la situation actuelle de l’assistance juridique de L’Etat .
A cette fin , il était nécessaire de revoir l’architecture des textes organisationnels, pour assurer une meilleure visibilité du rôle du conseiller juridique .
C’est, précisément,dans cette optique qu’il a été décidé, récemment , d’introduire dans les organigrammes des départements ministériels, une spécification du rôle du conseiller juridique, lequel est désormais considéré comme étant le correspondant de la Direction générale de la législation et à qui appartient, en aval, la responsabilité de vérifier la légalité des projets de textes législatifs et réglementaires avant qu’ils ne soient soumis au visa de la DGLTJO.
C’est , également, dans cette optique que l’État a décidé de former à l’École nationale d’administration ( ENAJ M ) , une première promotion d’élèves conseillers juridiques qui sont appelés à renforcer les capacités bien déficitaires de l’administration publique en matière de droit.
Cette promotion composée de jeunes  juristes de haut niveau contribuera, sans doute , à améliorer sensiblement l’assistance juridique aux décideurs, aux gestionnaires et autres administrateurs de crédit,de manière générale.
A titre particulier, l’institution d’un corps de conseillers juridiques permettrait, à moyen terme ,de consolider, en amont , le contrôle de la légalité .
Mais une telle orientation qui se trouve , aujourd’hui, confortée par l’engagement solennel des hautes autorités de la République en faveur de l’Etat de Droit , gagnerait , en termes de crédibilité, à être placée au coeur d’un débat transparent et ,surtout , au centre d’une action concrète et lisible.
Dans ce sens , nous  sommes plus que jamais appelés à tirer les leçons des erreurs et des horreurs du passé qui ne sont , en définitive, que la violation de la règle de droit , érigée en comportement , avec les deux mamelles de l’arrogance à savoir le mépris et l’ignorance.
Or, il s’agirait, dans la perspective de répondre à une attente bien partagée , tenant à l’application des critères de justice et d’équité de se doter des voies et moyens qui permettraient une application, à tous les niveaux , des lois et règlements en vigueur .
A cet fin , il faudrait partir d’une amère vérité qui saute aux yeux . Cette vérité tient à l’existence d’un abime entre les normes de l’Etat et la réalité vécue au quotidien.
L’analyse de cet état pathologique exige une approche fondée sur la franchise et la sincérité .
A cet égard les juristes sont réputés être agaçants . En réalité ils ne le sont que pour ceux , il est vrai nombreux de nos jours , qui ont des intérêts inavoués voire inavouables et donc incompatibles avec la vérité juridique.
En tout cas , au risque d’apparaître ainsi , les  juristes peuvent bien se permettre , dans les limites du devoir de réserve et tout en restant polis , de cracher « leur vérité »Â .. dans la soupe de ceux qui ne respectent pas le Droit .
Abdel kader ould Mohamed
Juriste, ancien Ministre.
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Lire pole juridique (premiere partie)Â http://adrar-info.net/?p=65774